NOCES EXTRAITS
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LE COEUR EN DÉROUTE
Exprimer l'inexprimable
Écrire pour découvrir des idées neuves
Et le courage d'entreprendre ce que je n'ai jamais osé
Concevoir une oeuvre d'art inscrite dans le futur
Tout comme l'accomplissement de mon rêve amoureux
L'amour est le fruit du hasard
Son inattendu sème la déroute.
J’ai
grand-soif
Je
suis cette ophiure déshydratée
qu’un
bel enfant vient de ramasser
C’était
ton âme pleine de candeur
qui
sema dans mon cœur tant d’ardeur
par
un simple jeu d’écriture.
Mais
les images étaient si belles
qu’elles
ont ricoché
jusqu’à
ce que je devienne l’écorchée.
Je
voudrais arrêter le temps
Ta
voiture dévore les kilomètres
et
te transporte vers un autre port
qui
me privera de ta présence
Je
parle de choses sans importance
et
quand ma voix s’arrête
je
bois tes mots
je
les déguste
pour
composer les morceaux d’une sonate
Nous
sommes les deux instrumentistes
de
cet andante, de cette finale
dont
les deux thèmes enchevêtrés
sont
Amour et Liberté.
Vivre
sans tenir compte du temps
Libres
et indépendants
dans
cette mer étoilée
pour
célébrer les noces
du
dauphin et de la dauphine
qui
toujours se suivaient dans le même courant.
Je
renais avec chacune de nos rencontres
malgré
les autres qui nous séparent
et
m’empêchent de chercher ton regard
pour
y trouver la trace de cet amour mythique
envié
des dieux et des hommes
car
il est inscrit dans le granit de Cornouaille1
où
Tristan rejoignit Iseult
et
dans le grès rose de la cathédrale2
inviolable
et sacrée.
Michelle Meyer
1998, « Noces Marines » éd. Prospective 21.
[1] Il s’agit de la Cornouaille en Bretagne (Petite Bretagne dans le roman de « Tristan et Iseult »).
2 La cathédrale de Strasbourg.
A
travers le rideau de magnolias en fleur
je
devine le contour de ton visage
et
tes yeux transpercent le feuillage
car
nos esprits conjuguent les mêmes pensées
sans
avoir souci de l’espace qui nous sépare
Dans
cette autre maison
mes
lèvres soupirent ton nom.
Je
ne trouve pas d’images assez précieuses
ni
de mots assez fleuris pour te dire
que
ton absence est cependant présence
Tel
un elfe, j’échappe à l’attraction terrestre
Je
vogue avec plus de sûreté qu’un vaisseau spatial
Sur
la nudité d’un futur
j’inscris
ton nom.
Dans
le jardin des délices
la
résine vénéneuse est réduite à l’impuissance
Les
morsures de la vie se cicatrisent
comme
celles de la vipère, à ce jour, guérissables
La
tradition et ses vieilles défroques
sont
jetées aux orties
L’amour
seul peut effacer l’injustice des temps
Dans
ce monde nouveau
j’écris
ton nom.
Mon
amour ne peut se contenter
d’une
vérité qui ne serait qu’esthétique
Mon
ardeur a plus de durée qu’une aurore boréale
Mon cœur qui navigue sur le bateau des Certitudes
ne fait pas de différence entre le jour et la nuit
Il échappe aux intempéries
pour enfin aborder au pays des Béatitudes
Dès l’accostage, sur la dalle de béton
je grave ton nom.
Michelle Meyer
1998, « Noces Marines »
éd. Prospective 21.
Mon cœur qui navigue sur le bateau des Certitudes
ne fait pas de différence entre le jour et la nuit
Il échappe aux intempéries
pour enfin aborder au pays des Béatitudes
Dès l’accostage, sur la dalle de béton
je grave ton nom.
Michelle Meyer
1998, « Noces Marines »
éd. Prospective 21.